Message du président
CRTC : Après Trente Ans… Est-ce que C’est Tout ?
Récemment, le CRTC a rendu une décision très attendue sur la manière dont ses nouvelles Définitions du Contenu Canadien s’appliqueront à notre travail. Ces décisions importantes entraîneront des répercussions sur nous tous à divers égards. Bien que le CRTC doive encore faire d’autres annonces concernant le contenu canadien, cette première étape n’est pas prometteuse dans notre lutte pour faire figurer davantage d’Artistes-interprètes de l’ACTRA sur la feuille de convocation.
Oui, il y a eu quelques points positifs. Il était réconfortant de voir enfin la prestation vocale reconnue à sa juste valeur, et encourageant de disposer d’une terminologie mise à jour qui reflète l’industrie actuelle et son évolution depuis l’adoption de la précédente Loi sur la Radiodiffusion dans les années 1990. Et oui, le CRTC a inclus les dispositions essentielles sur l’IA que nous lui avons fortement demandées, exigeant que les rôles créatifs clés restent entre les mains des humains. Cette victoire nous aidera, espérons-le, à lutter contre la menace de l’IA dans les années à venir.
Mais cela soulève également la question suivante : qu’en est-il du présent ? Quel est l’impact de cette décision sur les Artistes-interprètes qui travaillent aujourd’hui ? En particulier pour les membres qui tentent d’obtenir des rôles principaux à la télévision et au cinéma canadiens.
L’admissibilité au contenu canadien (CanCon) fonctionne depuis longtemps selon un système de points qui exige que des Canadiens soient embauchés à plusieurs rôles clés pour qu’une production soit considérée comme « canadienne ». Lorsque l’on compare l’ancien système de point de contenu canadien au nouveau système, l’impact (ou l’absence de celui-ci) devient beaucoup plus clair.
Dans l’ancien système à 10 points, le chemin vers l’admissibilité au contenu canadien était étroit, mais prévisible. Un ensemble limité, mais spécifique, de postes créatifs clés, en champ et hors champ, se voyait attribuer des points, et les productions devaient obtenir 6 points sur 10 en embauchant ces personnes. Cela incluait un réalisateur ou un scénariste canadien et au moins un artiste-interprète principal canadien obligatoire. Un deuxième poste d’artiste-interprète principal était disponible, mais facultatif, mais son embauche était intéressante pour un producteur qui cherchait à atteindre le seuil de points requis.
Le nouveau système passe désormais à 15 points, introduit des points bonus culturels et élargit l’admissibilité à une portée plus large de postes, des showrunners aux spécialistes des effets visuels et spéciaux et à divers départements de conception. L’admissibilité au contenu canadien est désormais déclenchée par l’obtention de 60 % des 15 points disponibles, qui comprennent désormais des postes interchangeables hors champ supplémentaires et des points « Bonus Culturels ».
Le deuxième rôle principal doit désormais rivaliser avec un nombre beaucoup plus important de postes admissible et de points bonus. En bref, un deuxième rôle principal n’est pas obligatoire – ce que l’ACTRA a fortement préconisé – et pourrait être considéré par les producteurs comme moins intéressant sur le plan économique par rapport aux autres options hors champ disponibles sur la liste.
Ajoutez à cela le fait que nous devons encore attendre de voir comment les obligations de dépenses seront structurées par le CRTC, ce qui rend la situation des Artistes-interprètes encore plus floue. Les exigences de contribution pour les diffuseurs en continu et la manière dont ces fonds seront alloués détermineront si ce système de points plus large renforce le rôle des Artistes-interprètes canadiens ou s’il le dilue davantage. Ces décisions favoriseront-elles en fin de compte les artistes ou les diffuseurs en continu et les radiodiffuseurs qui brassent des milliards de dollars ?
Cela nous laisse malheureusement avec une dernière question : Avons-nous attendu plus de trois décennies pour une nouvelle loi sur la radiodiffusion… pour aboutir à ce résultat ?
Comme toujours, l’ACTRA National restera fort dans la lutte et dans les couloirs du pouvoir, chaque jour. Nous aurons beaucoup à dire au gouvernement et au CRTC lorsque les exigences en matière de dépenses seront plus claires et que ces définitions pourront être évaluées dans leur ensemble. Nous continuerons à faire pression pour obtenir un système qui reconnaît, protège et donne la priorité aux artistes qui donnent vie aux histoires canadiennes.
En solidarité,
Eleanor Noble
Présidente Nationale de l’ACTRA